AUJOURD'HUI, JE NE SUIS PLUS UNE VICTIME !
En plus d'être victimes d'hommes violents, les femmes sont trop souvent victimes de services qui
les enfoncent dans le problème au lieu de les aider à s'en sortir. Ce n'est pas une
fatalité. Dans les maisons d'hébergement du réseau des femmes, on traite les femmes de façon à ce qu'elles
soient en mesure de reprendre le contrôle de leur vie et ça fonctionne.
Le témoignage d'une jeune femme
Elle l'a rencontré à 22 ans, à la fin de ses études universitaires. Sûre d'elle, éduquée et
ne provenant pas d'une famille violente, elle était convaincue qu'elle n'était pas le genre de
femme qui pouvait se trouver coincée dans une relation violente. Elle a eu 4 enfants avec lui.
Quand elle l'a quitté après 3 ans de violence très intense, ses plus vieux, des jumeaux, avaient
2 ans et demi.
Au début, il était charmant comme savent l'être les manipulateurs, puis la violence s'est installée
petit à petit. À force d'entendre dénigrer ses ami-es et sa famille, elle a cessé de les voir.
À force d'être insultée et de subir quotidiennement de la violence physique, elle était détruite
psychologiquement. Elle ne comprenait pas ce qui se passait. Les policiers sont venus plusieurs fois,
mais elle ne portait pas plainte. Elle est partie plusieurs fois, mais comme elle ne savait pas
où aller, elle revenait.
Mais pourquoi restent-elles ?
Ce doit bien être la question la plus souvent posée quand on parle de violence conjugale
comme si les plus fautives là-dedans étaient les victimes.
La question la moins souvent posée? Pourquoi sont-ils violents?
Selon Lise Poupart, responsable de Côté Cour,
dans La Presse du 04-06-01.
Depuis 15 ans, Côté Cour oeuvre auprès des personnes victimes de violence
conjugale et familiale, 30.000 femmes et enfants ont eu recours à ses services
d'aide psychosociale et de soutien pour diverses démarches.
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Ses enfants, surtout les plus vieux, subissaient aussi de la violence. En venant les
chercher suite à une plainte, la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) lui a offert de venir avec eux. Ils l'ont emmenée dans une maison
d'hébergement où elle est arrivée petit à petit à comprendre ce qui s'était passé et à renaître.
Ça a pris du temps. Ce n'était pas facile d'admettre qu'elle avait vécu de la violence conjugale ni
de faire le deuil de la famille unie de ses rêves, elle qui tenait tant à ce que ses enfants aient
un père. Les femmes de la maison d'hébergement l'ont
aidée à se remettre sur pied. Quand elle a pris un logement, elle a pu bénéficier des services de répit
offerts pas la DPJ. Elle se demande comment elle s'en serait tirée sans ça.
Aujourd'hui, elle n'est plus une victime. Elle est heureuse, ses enfants se sont épanouis.
Le père de ses enfants s'est enfui dans une autre province quand elle a porté plainte contre lui
au criminel, ce qui l'a aussi aidée à se refaire une vie sans violence.
Souvent les jeunes femmes croient que la violence conjugale, c'est une affaire de "vieux", alors
qu'elles en sont les principales victimes. C'est chez les jeunes et les couples récemment formés que les taux de violence conjugale
sont les plus élevés. Au Québec, les femmes qui vivent le plus souvent de la violence conjugale
sont âgées de 25 à 29 ans, suivies des 18 à 24 ans. Les jeunes femmes
de 15 à 24 ans sont les plus à risque d'être tuées par leur conjoint ou ami intime.
Pour plus d'information, consultez la présentation et les références de Solange Cantin du
CRI-VIFF
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DES SERVICES TENUS À BOUT DE BRAS
Liette
Brousseau et Louise Riendeau du Regroupement provincial des maisons d'hébergement et de
transition pour femmes victimes de violence conjugale expliquent que
les maisons sont les seuls organismes dont l'intervention est centrée sur les besoins
des victimes et sur les solutions à long terme. Cependant, aucune ne réussit à
répondre aux besoins, en particulier à ceux des femmes handicapées alors
que celles-ci sont beaucoup plus susceptibles d'être victimes de violence conjugale que les
autres. Alors que le quart des Québécoises seraient victimes de violence conjugale,
25% d'entre elles n'arriveraient pas à trouver l'aide dont elles ont besoin.
De plus, selon Nicole
Maillé,
intervenante jeunesse à la maison d'hébergement Assistance aux femmes, très peu d'organismes
sont en mesure d'offrir une intervention ajustée aux besoins spécifiques des enfants
exposés à la violence. Seules quelques personnes dévouées les aident
tout en se dirigeant tout droit vers le "burn-out".
En dépit du fait que les maisons sont des services essentiels de première ligne
qui fonctionnent 24 heures sur 24 et 365 jours par année, elles sont chroniquement sous-financées.
Camille St-Denis de SOS
Violence conjugale déplore qu'elles
ne soient pas en mesure d'avoir plus d'une intervenante sur le plancher et qu'elles doivent
se résoudre à offrir encore moins de services pendant les fins de
semaine. Il est grand temps que les maisons soient en mesure de répondre aux besoins de toutes les
femmes qui les contactent en situation d'urgence tout en remplissant leur mandat de sensibilisation,
de prévention, de suivi, de formation et de concertation.
Afin de répondre aux besoins, il faudrait que les maisons aient les moyens de fonctionner avec
des équipes de deux intervenantes tant le jour que le soir et avec une travailleuse pour la nuit. Il faudrait aussi une intervenante
qui se consacre aux besoins spécifiques des enfants, de même que des ressources pour des services
de suivi et d'accompagnement. Mais les maisons doivent fonctionner
avec une seule intervenante. Celle-ci doit faire face à une lourde charge de travail et à tous les
imprévus en échange d'un salaire horaire de 13 $ l'heure en moyenne, selon
Francine Lévesque du Syndicat des travailleuses en maisons d'hébergement FSSS-CSN. Trop souvent elle doit
faire des heures supplémentaires que les maisons ne sont pas en mesure de rémunérer.
Dans ce contexte, l'équité salariale semble une bien lointaine utopie.
Il y a aussi des lacunes inquiétantes dans d'autres ressources. Les centres de femmes sont chroniquement sous-financés alors qu'ils sont des ressources
essentielles à de nombreuses Québécoises. Entre autres, ils permettent à
des femmes de prendre conscience qu'elles subissent de la violence conjugale tout en brisant leur
isolement et en soutenant leurs démarches "d'empowerment". Quant à
Robert Ayotte, un intervenant auprès de conjoints violents, il a contribué
à la mise en place d'un service de référence ayant pour but de diminuer l’isolement des conjointes et d’améliorer leur sécurité
et celle de leurs enfants. Ça fonctionne bien. Plus de conjointes acceptent d’aller chercher de l’aide.
Il serait nécessaire de généraliser ce type de service, mais encore là, les fonds sont insuffisants.
Au Canada, on estime que la violence conjugale coûterait au moins 4 milliards $
par an. Les seuls
coûts annuels en santé et services sociaux générés par la violence seraient de l'ordre de plus de
1,5 milliards $. Y a-t-il une seule bonne raison de ne pas faire en sorte de diminuer
cette facture qui s'auto-perpétue ad nauseam au détriment des victimes en menant
enfin une lutte efficace contre la violence conjugale?
Pour plus d'information, consultez la présentation et les références de Solange Cantin
du CRI-VIFF
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ET LES ENFANTS DANS TOUT ÇA ?
Nicole Maillé,
intervenante jeunesse à la maison d'hébergement Assistance aux femmes, rapporte que
80% à 90% des enfants vivant dans un climat de violence conjugale sont exposés
à celle-ci. 70% de ces enfants seraient violentés. Dans plus de la moitié des situations
où un enfant est exposé à la violence, sa mère craint pour sa vie.
Les enfants victimes de violence conjugale se sentent impuissants face aux
actions posées par l'agresseur et responsables face à la victime. Ils sont
manipulés par le père qui nie la violence et tente de contrôler la mère par son entremise.
Des enfants arrivent à s'en tirer à peu près indemnes tandis que d'autres ont plusieurs problèmes
d'adaptation. Tous ont des difficultés relationnelles.
Vous croyez qu'on aide ces enfants-là? Au Québec, très peu d'organismes et d`institutions offrent
une intervention ajustée aux besoins spécifiques des enfants exposés à la
violence. En août 2001, le Centre canadien de la statistique juridique rapportait également que
les enfants sont les victimes oubliées de la violence conjugale. Pour leur part, les professionnel-les de l'éducation, de la santé et des services sociaux méconnaissent
la problématique des enfants victimes de violence conjugale. Là aussi, il arrive fréquemment
qu'on traite les symptômes sans effleurer la cause du problème. Par exemple, on interviendra
dans le but de développer les habiletés parentales alors que leurs mères n'en manquent pas nécessairement.
Elles sont avant tout en situation de survie. Les enfants passent aussi d'un-e intervenant-e à l'autre.
Chaque fois, ils vivent une nouvelle trahison dont ils se protègent en se refermant. Quant aux
services offerts dans le système scolaire, ils ont dramatiquement diminué ces dernières années.
Vous croyez que si un père violent demande la garde de ses enfants et d'exercer son
droit de visite, institutions et professionnel-les du domaine juridique vont prendre des décisions
en tenant compte de l'impact de l'exercice des droits des pères sur les victimes de sa violence?
Vous rêvez. Trop souvent les juges ignorent les dangers que courent les victimes et accordent
aux pères des droits de visite sans prévoir de mesures de protection ni de soutien
psychologique. Il arrive aussi que des femmes font des concessions en cour afin de ne pas perdre leurs enfants.
Les enfants vivent dans l'insécurité quant à ce que subira leur mère lors des visites du père. Il y a
de quoi : chaque année, des pères vont jusqu'à tuer mères et enfant-s. Former les juges? Les formations
sont optionnelles. Les juges utilisent aussi le prétexte de leur indépendance pour les éviter.
Tant les enfants que leurs mères vivent beaucoup de détresse dans
un tel contexte qui les violente à nouveau quand il ne les tue pas.
Un témoignage déchirant
Elle n'a jamais pu prouver la violence de son ex-conjoint. C'est un maître
dans l'art de faire croire que c'est elle la coupable. Elle
l'a quitté il y a 7 ans. Il vient d'obtenir la garde légale de leur fille en l'accusant
d'aliénation parentale. À la cour, on lui a reproché d'être allée dans une maison d'hébergement
et on l'a accusée d'avoir provoqué la violence de son ex-conjoint. Elle n'a pas
même pu témoigner.
Jamais on ne s'est questionné sur les besoins de sa fille qui vivait avec elle depuis 7 ans. Alors
que sa fille a besoin de soins réguliers étant donné sa santé fragile, elle sait que son père ne respecte
ni ses besoins ni ses désirs. Elle est désespérée de ne pas même pouvoir aider sa fille.
C'est à peine si elle arrive à la voir et elle doit le faire sans aucune protection. Partout on lui
dit qu'il est trop dangereux pour qu'on puisse l'accompagner lors de ses visites. Elle va faire
appel mais elle craint les représailles. Elle ne sait pas si elle arrivera à
récupérer sa fille.
AU NOM DES DROITS DES PÈRES
Hier, un homme tente de noyer 2 enfants en les jetant dans le fleuve avec sa voiture après
avoir poignardé leur mère. Début septembre, un autre Montréalais assassine à coups de hache
sa fille de 9 ans. Plus tôt cette année, un homme aigri abat 2 autres fillettes, en profitant lui
aussi d'un droit de visite à peine surveillé. Quelques semaines plus tard, un autre encore tue
sa conjointe et ses deux filles. On parle de "tragédies" et on attend la prochaine.
Pourtant, la plupart des assassins ont des antécédents de violence familiale, mais un appareil judiciaire
intimidé par la notion de "droits du père" leur accorde de plus en plus des droits absolus.
Collectivement, nous fermons les yeux sur leurs menaces et sur leurs signes évidents de troubles
psychologiques. Pour restaurer l'estime de soi masculine, nous faisons fi de la sécurité des
enfants et de leur mère.
Que penser d'un appareil de justice qui fait autant de victimes?
Déjà, on compte 11 enfants assassinés ou secoués à mort par leur père cette année au Québec, un
nombre absolument sans précédent et le décompte se poursuit.
Qui d'autre que nous-mêmes arrêtera la spirale de l'irresponsabilité, cette extension des "droits du père" indépendamment de l'intérêt
de l'enfant, cette re-sacralisation de "l'autorité paternelle"?
Martin Dufresne, Collectif masculin contre le sexisme, Le Devoir, courrier des lecteurs, 15-11-01
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MYTHE :
De plus en plus d'hommes se voient refuser par des femmes l'accès à leurs enfants.
RÉALITÉ :
Le principal problème associé au droit de visite est que les hommes ne l'exercent pas
toujours ou l'exercent de façon erratique ou imprévisible.
MYTHE : Les hommes veulent prendre une plus grande part dans l'éducation de leurs enfants
après la séparation ou le divorce.
RÉALITÉ :
La plupart des hommes qui intentent des litiges de garde ou de droit de visite ne sont pas intéressés
à une plus grande part des soins quotidiens aux enfants; ce qu'ils veulent, c'est exercer plus de
poids dans toutes les décisions concernant la vie de leurs enfants et de leur ex-conjointe.
MYTHE : On assiste présentement à une épidémie de fausses accusations d'agressions d'enfants par les pères
qui sont déposées par des mères calomnieuses dans un esprit de vengeance.
RÉALITÉ :
Les dénonciations d'agression sexuelle ne sont associées
qu'à 2% de l'ensemble des litiges de garde et de visite. De ces 2% d'accusations, seulement 8% ont
été trouvées fausses. De plus, on a constaté que 1,3% seulement
des allégations formulées par les mères sont intentionnellement fausses, alors que c'est le cas
de 21% des accusations contre les mères déposées par les pères qui divorcent.
Source : Mythes et réalités sur la garde des enfants et le droit de visite, Centre FREDA de
recherches sur la violence faite aux femmes, 1998
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LA GARDE PARTAGÉE : BELLE EN THÉORIE, MAIS INVIVABLE VOIRE MÊME DANGEREUSE EN PRATIQUE
Andrée Côté de l'Association nationale de la femme et du droit rapporte qu'actuellement
au Canada on est en train de revoir la loi sur le divorce en mettant l'accent
sur les droits des pères. C'est beau en théorie mais invivable voire dangereux pour les ex-conjointes
d'hommes violents et leurs enfants. Les féministes n'ont pas le choix de lutter contre la garde
partagée, mais ce faisant, elles sont perçues comme luttant contre la vertu.
On a toutes beau souhaiter que les hommes s'impliquent
autant que les femmes dans l'éducation et le soin des enfants, il demeure que notre société a très peu évolué
à ce niveau depuis 30 ans. Le partage de ces responsabilités n'est
égal que dans 10% des couples alors que 70% des mères travaillent. C'est cruel. Avant d'accorder des droits égaux aux pères, il
faut que les devoirs et obligations parentales soient également assumés par les deux parents. Ce n'est
pas une loi qui va faire en sorte que les pères vont soudainement s'y mettre après un divorce.
La garde partagée demande beaucoup de coopération puisqu'elle est difficile
à organiser au quotidien. Elle est aussi coûteuse. Quand elle fonctionne, c'est libérateur, mais
ça n'arrive que dans une minorité de cas et ce, quand elle est décidée
d'un commun accord. Vingt États américains, l'Australie et l'Angleterre ont
déjà la garde partagée. Les études démontrent clairement que ça ne fonctionne pas. Pire, les femmes
victimes de violence conjugale ne peuvent plus se libérer de leurs conjonts violents. Elles restent
liées à jamais à ces derniers. Leur ex-conjoint peut intervenir dans toutes les
décisions qui concernent les enfants tandis que ceux-ci n'ont plus droit à une pension alimentaire.
Le suicide comme seule sortie de secours ?
Madame est séparée depuis 6 mois et vit seule avec son enfant. Elle doit témoigner au criminel contre
son ex-conjoint accusé de voies de fait et de menaces de mort. Elle n'a pas pu voir le procureur qui se
dit surchargé de travail. L'avocat de la défense la discrédite en parlant de ses dépressions. Il met en
doute sa santé mentale. Afin que monsieur n'ait pas de casier judiciaire,
on ne lui donne que l'ordre de garder la paix et de rester éloigné de son ex-conjointe qui ne se sent pas
protégée pour autant. "Mon mari a fait un V de
victoire avec ses doigts et a quitté la salle en riant. Je me sentais comme une moins que rien."
Puis monsieur demande la garde partagée de son fils. Elle la lui refuse car elle a peur de lui.
Ils sont référés en médiation familiale où elle est perçue comme fragile, anxieuse et déprimée. Le refus
de madame porte à croire qu'elle veut priver son fils de son droit de vivre avec son père. À juste titre,
elle craint de perdre son enfant et décide de retourner vivre avec son conjoint violent afin
de ne pas être séparée de son fils. "Je voulais me suicider, seul mon enfant me retenait.
C'est la période la plus noire et désespérée de ma vie."
Quantifier l'inqualifiable : la judiciarisation de la violence conjugale
La justice banalise l'ampleur de la violence conjugale. Elle se met à l'écoute de l'agresseur au
lieu de la victime. Elle ignore tout du stress post-traumatique éprouvé par les femmes violentées,
ce qui entraîne des résultats désastreux. Telles sont les conclusions d'une thèse de doctorat
présentée par Lucile Cipriani en août 2001 à la faculté de droit de l'Université Laval.
Fondée sur les récits des victimes, ce qu'elles taisent et ce que le droit en fait, cette
analyse critique féministe conclut que la violence conjugale fait l'objet d'une criminalisation
frileuse et parcellaire au Québec.
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UNE SEULE RÈGLE DOIT PRÉVALOIR : CELLE DE L'URGENCE
Selon Andrée Côté, le refus de l'État d'intervenir efficacement envers la violence conjugale que subissent les femmes,
d'adopter des remèdes à portée systémique et de prévoir les ressources adéquates pour le faire avec
une diligence raisonnable a un effet discriminatoire envers les femmes. Son inaction va à
l'encontre des obligations qu'il s'est engagé à assumer en promulguant des chartes de droits,
en adoptant des lois, en signant nombre de traités et en endossant plusieurs
déclarations
internationales. Cela engage sa responsabilité; il ne saurait s'y soustraire.
Le 11 novembre 2001, Lorraine Pagé, présidente de la Commission, et les
commissaires Vivian Barbot, Maria De Koninck, Karen Messing et Kevin Callahan présentaient leurs
recommandations.
Les besoins des victimes de violence conjugale sont si criants qu'un consensus s'est rapidement établi
à l'effet qu'il est urgent de combler les lacunes importantes soulignées par les témoins
entendus. La violence conjugale n'est pas une réalité immuable. Améliorer la réponse aux besoins des personnes
qui en sont victimes n'est pas une utopie irréaliste. Ce n'est pas non plus facultatif.
C'est avec vigueur que la Commission affirme qu'en matière de violence conjugale dont les femmes
et les enfants sont victimes, c'est sur le terrain de droits aussi fondamentaux
que le droit à la sécurité, à l'intégrité physique et psychologique, à la vie même que nous nous
situons. En ces matières, une seule règle doit prévaloir : celle de l'URGENCE. Urgence
de prévenir, urgence d'intervenir, urgence de former. Le phénomène de la violence conjugale,
de ses causes et de ses conséquences est assez documenté pour que le refus d'agir et le retard
dans l'action soient considérés comme une véritable indécence.
Si l'État choisissait de ne pas répondre aux besoins de protection des femmes et des enfants contre cette violence,
les commissaires recommandent aux groupes de femmes de considérer
sérieusement la pertinence d'entamer un recours collectif contre lui afin de le forcer à
remplir son obligation.
ÉCOUTEZ...
"Toutes les réalités qui touchent les femmes sont banalisées, réduites, niées ou ignorées.
Les agressions sexuelles sont une violence parmi d'autres. Le harcèlement sexuel devient une banale
histoire de perception subjective. La violence conjugale devient une banale histoire de mésentente
dans un couple. Le viol devient une banale histoire de perte de contrôle. La maternité devient
une banale histoire de courbe démographique. Les maladies des femmes deviennent une banale histoire
d'hormones. L'accès au travail devient une banale histoire d'égoïsme, pour un salaire de plus
dans une même famille alors qu'il y a tant de chômage partout. Le discours des femmes dérange.
Même sur cent ans, nos revendications arrivent toujours à un mauvais moment, à contre-courant.
Il y a toujours autre chose de plus important à régler avant, toujours un
autre feu à éteindre...
Dans l'éducation, la santé, la sécurité du revenu, partout, il n'y a plus de vraie stratégie, il
n'y a que des tragédies. Dorénavant, il faudrait demander aux gouvernants : quelle tragédie avez-vous
décidé d'adopter? S'il y avait du coeur dans les changements, il y aurait de la joie. Et nulle part
il y a de la joie, nulle part il y a des rêves. Il y a toujours moyen de faire autrement, il
y a toujours d'autres solutions que le mépris. Le respect des personnes, en soi, est un choix...
À partir de maintenant, nous exigerons... des résultats. Nous exigerons que les gestes
parlent la même langue que les mots. Ce n'est pas de l'impatience, c'est de l'urgence."
Hélène Pedneault, en collaboration avec le Comité
de la condition des femmes de la CSQ, 1997
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Contenu et mise en ligne : Nicole Nepton. Photos : Charlotte Thibault Mis à jour :
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