Caraïbéen-nes, la balle est dans votre camp
Heureusement, depuis plusieurs jours la presse de la région s'intéresse à ce qui se passe chez nous.
Vous savez donc que, depuis le 11 décembre 2003, l'ensemble des forces vives du pays s'est accordé
pour décréter collectivement le gouvernement Lavalas hors-la-loi. À l'instar des organisations de
femmes réunies au sein de la Coordination nationale de plaidoyer pour les droits des femmes (CONAP),
des syndicats, des organisations politiques, estudiantines, paysannes, populaires, patronales et
bien d'autres organisations de la société civile sont unanimes pour accuser le gouvernement
Lavalas avec Monsieur Jean-Bertrand Aristide à sa tête de crime de haute trahison contre les
populations haïtiennes. C'est un terrorisme d'État que M. Aristide a instauré au pays.
Depuis les élections législatives et présidentielles contestées de l'année 2000, le parti Fanmi
Lavalas/Famille Lavalasse de Jean-Bertrand Aristide occupe tous les espaces de pouvoir politique.
Cette mainmise absolue a plongé le pays dans une insupportable crise qui ne cesse de se prolonger
et dans laquelle le gouvernement Lavalas est en guerre contre les populations haïtiennes. Le 5
décembre 2003, la violence politique d'État à culminé avec les attaques sanglantes perpétrées,
avec la complicité totale de la police, par les chimères/sbires du pouvoir contre l'Université
d'État d'Haïti, attaques dont le bilan est extrêmement lourd : les locaux de deux facultés saccagés,
un recteur dont les genoux ont été brisés à coup de barre de fer, un vice-recteur sauvagement
battu, une trentaine d'étudiant-es blessés par balle et à l'arme blanche, des professeur-es sauvagement
agressés. Deux facultés ont été saccagées : des locaux, du matériel, des bibliothèques et archives
académiques ont été incendiés et détruits ce, en dépit de l'inviolabilité de l'espace universitaire
et du déficit éducationnel que connait le pays.
Le mouvement de protestation réclamant le départ du gouvernement Lavalas a gagné l'ensemble pays,
dans tous les milieux. Les manifestations antigouvernementales sont très durement réprimées par
le pouvoir. Des protestataires sont kidnappés et arbitrairement/illégalement arrêtés. Des menaces
d'assassinat planent sur les principaux responsables des mouvements sociaux et politiques
revendicateurs. Des représailles sont exercées sur les organisations et les personnes qui prennent
part aux manifestations.
Dans cette guerre que livre le gouvernement Lavalas aux populations civiles haïtiennes, les femmes
sont tout particulièrement victimes des exactions des forces répressives et de leurs sicaires.
Elles sont arrêtées, maltraitées et également extorquées de leurs avoirs. Comme durant le coup
d'État militaire de 1991-1994, les viols pour motif politique sont légion. Parmi les multiples
cas enregistrés, il y a lieu de citer celui de trois membres d'une même famille (une mère et
deux fillettes) à Petit-Goâve (Ouest), dans la nuit du 11 au 12 décembre 2003, en représaille
des manifestations antigouvernementales organisées par des jeunes, notamment des écoliers et
écolières, et le cas d'une jeune femme violée dans une maternité publique de Port-au-Prince
par des chimères/mercenaires Lavalas alors qu'elle était hospitalisée.
Le 29 janvier 2004, deux jours avant la rencontre à la Jamaïque de M. Aristide avec le président
P. J. Patterson et les autres chefs d'État, la répression a gravi un autre échelon. Suite à une
manifestation pacifique organisée par les étudiant-es, brutalement réprimée par la police et
leurs associés - les chimères, un manifestant a été hospitalisé après qu'une grenade tirée
par la police se soit logée dans son thorax. À l'annonce de sa mort sur la table d'opération, des
étudiant-es et des militant-es d'organisations politiques et de la société civile ont improvisé
un sit-in pacifique aux abords de l'hôpital pour exprimer leur indignation face à cette nouvelle
victime de la répression. Les agents de la force d'intervention de la police sont alors entrés
en scène en tirant pour disperser les protestataires. Ces derniers se sont trouvé dans l'obligation
d'entrer dans l'hôpital pour se protéger. Sans aucun égard pour les malades hospitalisés
et en parfaite violation des droits humains codifiés par la Convention de Genève, la police entreprenait
alors de poursuivre les manifestant-es jusque dans les chambres et les salles d'opération, en tirant.
Une douzaine d'étudiant-es furent ainsi arrêtés, les patients et le personnel de santé brutalisés
et intimidés.
Le 1er janvier 2004, bicentenaire de l'indépendance haïtienne, a été célébré par les officiels du
pouvoir sans la participation des secteurs vitaux de la société qui, en regard de la conjoncture
nationale et du caractère hors-la-loi du gouvernement, ont opté pour des activités mettant à
l'honneur la réflexion sur l'histoire nationale et attestant de leur refus de la dictature du
régime Lavalas. L'organisation de ces festivités a une fois de plus donné l'occasion au régime
en place de détourner des sommes considérables du trésor public, aggravant la situation économique
du pays le plus pauvre de l'Amérique.
Face à ce sombre tableau, tous les secteurs de la vie nationale sont unanimes à exiger la démission
immédiate de Jean-Bertrand Aristide, la destitution du gouvernement Lavalas et le jugement du régime.
Ainsi, en différents points du territoire, sont organisées des marches pacifiques, réunissant des dizaines de milliers
de personnes, malgré toutes les tentatives du pouvoir en place de réprimer les manifestant-es.
Aujourd'hui le 1er février 2004, défiant un communiqué complètement abject interdisant les
manifestations de rues, des dizaines de milliers de femmes et d'hommes de toutes les classes
sociales et de tous âges ont marché dans les rues de la capitale.
C'est dans ce contexte extrêmement difficile que la
CARICOM veut intervenir. Les chefs d'État et de
gouvernement de la région entendent aider à solutionner la crise haïtienne. Au cours d'une
dernière réunion à Kingston, Jamaïque, le 31 janvier, M. Aristide a donné son accord à une
série de mesures visant à sécuriser l'opposition et la société civile en vue de la tenue prochaine
d'élections au pays. Ce n'est pas la première fois que le chef du gouvernement Lavalas s'engage
en ce sens, notamment vis-à-vis de la CARICOM. Nous savons que le gouvernement Lavalas veut se
maintenir au pouvoir coûte que coûte et que c'est en usant systématiquement de violence qu'il
est parvenu à s'y accrocher.
Nous ne pouvons nous permettre d'être dupes! Les communautés caraïbéennes ne peuvent être dupes!
Les populations haïtiennes aspirent à faire triompher la démocratie, le respect des droits de la
personne, de la liberté d'expression et de presse, des droits dont il est impossible
de jouir avec la dictature d'Aristide. Nous appelons à la solidarité caraïbéenne pour nous aider à
faire triompher la justice. Nous vous demandons d'amplifier nos voix auprès des gouvernements
de la CARICOM afin qu'ils ne se prêtent au jeu de M. Aristide. Toutes les voies de négociation
sont épuisées. M. Aristide à déjà clairement démontré qu'il méconnait tout les principes démocratiques.
Les populations haïtiennes ne peuvent et ne veulent plus négocier avec lui. La CARICOM
doit se rendre à l'évidence : il n'y qu'une seule solution, la destitution et le jugement du
gouvernement Lavalas!
Myriam Merlet, ENFOFANM : enfofanm#64;yahoo.fr - enfofanm#64;compa.net, pour la CONAP
Port-au-Prince, le 2 février 2004
Pages reliées :
Au nom de la démocratie et des droits humains, Myriam Merlet, ENFOFANM, 17-02-04
La Plateforme démocratique pour un blocus national contre la fureur lavalas, AlterPresse, 12-02-04
Haïti doit être condamné sans nuance, Droits et Démocratie, 11-02-04
Appel de la Coordination des Femmes Victimes d'Haiti, 06-02-04
Lettre ouverte aux chefs d’État réunis au 5e Sommet extraordinaire des Amériques
Au moment où M. Jean-Bertrand Aristide se présente devant vous au Sommet des chefs d’État et de
gouvernement des Amériques, il ne représente pas le peuple haïtien, mais un régime qui a perdu
toute légitimité et crédibilité aux yeux de la grande majorité des populations d’Haïti. En effet,
depuis le 11 décembre 2003, l’ensemble des forces vives du pays s’est accordé pour collectivement
décréter le gouvernement Lavalas au pouvoir
hors-la-loi. À son départ pour le Mexique, M.
Jean-Bertrand Aristide a quitté un pays soumis à une grande violence politique d’État.
Depuis les élections législatives et présidentielles contestées de l’année 2000, le Parti Fanmi
Lavalas/Famille Lavalasse de Jean-Bertrand Aristide occupe tous les espaces de pouvoir politique.
Cette mainmise absolue a plongé le pays dans une insupportable crise qui ne cesse de se prolonger
et dans laquelle le gouvernement Lavalas est en guerre contre les populations haïtiennes. Le 5
décembre 2003, la violence politique d’État a culminé avec les attaques sanglantes perpétrées,
avec la complicité totale de la police, par les chimères/sbires du pouvoir contre l’Université
d’État d’Haïti, attaques dont le bilan est extrêmement lourd : les locaux de deux facultés saccagés,
un recteur dont les deux genoux ont été brisés à coups de barre de fer, un vice-recteur sauvagement
battu, une trentaine d’étudiant-es blessés par balle et à l’arme blanche, des professeur-es
sauvagement agressés.
Le mouvement de protestation réclamant le départ du gouvernement Lavalas a gagné l’ensemble pays,
dans tous les milieux. Les manifestations antigouvernementales sont très durement réprimées par
le pouvoir; des protestataires sont kidnappés et arbitrairement/illégalement arrêtés; des menaces
d’assassinat planent sur les principaux responsables des mouvements sociaux et politiques
revendicateurs; des représailles sont exercées sur les organisations et les personnes qui prennent
part aux manifestations.
À titre d’exemple, la situation qui prévaut actuellement dans la ville de Miragoâne (Nippes, sud-ouest) :
depuis le 29 décembre 2003, cette ville subit l’ordre de la terreur des chimères/mercenaires du pouvoir
Lavalas : dispersion brutale des manifestations antigouvernementales, chasse donnée aux membres du
mouvement de l’opposition (étudiant-es, membres des organisations citoyennes et des groupes/partis
politiques) et attaque de leur domicile, attaques des locaux des organisations, tentatives réitérées
de bâillonner la Radio Presqu’île Grande-Anse, etc.
Cette répression a culminé lors de la manifestation pacifique anti-Lavalas de ce dimanche 11 janvier,
attaquée par des chimères/mercenaires contre-manifestant. La police présente n’a pas su assurer la
sécurité des citoyen-nes. Un chimère/mercenaire a été tué par balle au cours de l’échauffourée.
En représailles, les chimères/mercenaires ont semé la terreur dans la ville, ciblant notamment
des figures politiques. Le domicile de l’ex sénateur de l’Organisation du Peuple en Lutte, Edgard
Leblanc, a été incendié; un occupant a été arrosé d’essence et brûlé. Le sénateur a dû gagner le
maquis. Jean-William Jeanty, dirigeant de Kore Nip (Coordination régionale des organisations de Nippes)
et directeur de Radio Presqu’île Grande-Anse, est également dans le maquis. Le local de Kore Nip a
été incendié et la station de radio est sérieusement menacée. Ces exactions ont été publiquement
revendiquées, le jour même, par Leclerc Alcide, un sbire du pouvoir.
Le 12 janvier, la répression s’est poursuivie contre une population sans défense (agresssions
physiques, mise à sac et incendie de maisons, etc.). Les citoyen-nes sont réduits à se terrer.
Dans cette guerre que livre le gouvernement Lavalas aux populations civiles haïtiennes, les femmes
sont tout particulièrement victimes des exactions des forces répressives et de leurs sicaires.
Elles sont arrêtées, maltraitées et également extorquées de leurs avoirs. Comme durant le coup
d’État militaire de 1991-1994, les viols pour motif politique sont légion. Parmi les multiples
cas enregistrés, il y a lieu de citer : celui de trois membres d’une même famille (une mère
et deux fillettes) à Petit-Goâve Ouest, dans la nuit du 11 au 12 décembre 2003, en représailles
des manifestations antigouvernementales organisées par des jeunes, notamment des écoliers et
écolières; le cas d’une jeune femme violée dans une maternité publique de Port-au-Prince (la capitale)
par des chimères/mercenaires Lavalas, alors qu’elle était hospitalisée. Le cas d’une collaboratrice
d’une organisation de femmes qui a été attaquée à son domicile et violée.
Le 1er janvier 2004, bicentenaire de l’indépendance haïtienne, a été célébré par les officiels
du pouvoir sans la participation des secteurs vitaux de la société qui, au regard de la conjoncture
nationale et du caractère hors la loi du gouvernement, ont opté pour des activités mettant à
l’honneur la réflexion sur l’histoire nationale et attestant de leur refus de la dictature du
régime Lavalas. Face à ce sombre tableau, tous les secteurs de la vie nationale (mouvement paysan,
estudiantin; organisations citoyennes et de femmes; groupes et partis politiques; secteur des
affaires et socio-professionnel) sont unanimes à exiger la démission immédiate de Jean-Bertrand
Aristide, la destitution du gouvernement Lavalas et le jugement du régime. Ainsi, en
différents points du territoire, des marches pacifiques réunissant des dizaines de milliers de
personnes ont été organisées le 1er janvier. Ces manifestations ont également été réprimées.
En usant systématiquement de violence, le gouvernement Lavalas parvient encore à s’accrocher
au pouvoir. Les membres d’un tel gouvernement ne peuvent, en aucun cas, représenter le peuple
haïtien au 5e Sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement des Amériques.
Lorsqu’Aristide vous parle, il ne représente que lui-même, ses partisan-es et ses sbires et non
les intérêts des populations d’Haïti. Les populations aspirent à faire triompher la démocratie,
le respect des droits de la personne, de la liberté d’expression, de la liberté de la presse,
des droits dont il est impossible de jouir avec la dictature d’Aristide.
Danièle Magloire : enfofanm#64;yahoo.fr - enfofanm#64;compa.net
Pour la CONAP (Coordination nationale de plaidoyer pour les droits des femmes)*
Port-au-Prince, le 12 janvier 2004
---------
* CONAP : plate-forme d’organisations de femmes constituée de : Enfofanm/Infofemmes, Fanm
Deside Jakmèl/Femmes Décidées de Jacmel, Fanm Yo La/Les Femmes sont Là, Kay Fanm/La Maison des Femmes,
SOFA/Solidarité des Femmes Haïtiennes.
Au sujet du 5e Sommet extraordinaire des Amériques :
Le système interaméricain
des droits humains doit être respecté, déclaration de la Coalition internationale d'organisations pour les droits humains dans les Amériques, 12-01-04
L'engagement
du Canada envers le système interaméricain de promotion et de protection des droits de la personne, Droits et démocratie, 01-04
Par solidarite avec le peuple haïtien, refusons de nous associer aux déclarations cyniques et
hypocrites de ceux qui prétendent défendre ses libertés, Lutte ouvrière, 22-01-04
Appel au gouvernement canadien, AQOCI, 15-12-03
La violence politique à la veille du bicentenaire de l'indépendance, Amnistie internationale, 08-10-03
Dégradation constante de la situation des droits humains en Haiti, AlterPresse, 06-11-03
Violence against women, Report on the mission to Haiti, ONU, 01-03-00
Appel à la solidarité internationale
Déclaration d’un groupe de 24 organisations de la société civile haïtienne (organisations de femmes,
organisations citoyennes, organisations paysannes, associations de jeunes, syndicats, groupes politiques)
contre la répression du régime Lavalas envers les populations de Miragoâne.
|
Port-au-Prince, le 13 janvier 2004
En tant qu’organisations impliquées dans la lutte pour l’instauration de la démocratie en Haïti,
le respect des droits de la personne et des libertés publiques, donc en tant qu’organisations
refusant la dictature du régime Lavalas de Jean-Bertrand Aristide, nous dénonçons les agissements
du gouvernement Lavalas hors la loi à l’encontre des populations haïtiennes, en particulier celles
de Miragoâne.
Actuellement, la ville de Miragoâne est livrée à la fureur des hordes lavalassiennes qui s’en
prennent aux membres des organisations paysannes, estudiantines, citoyennes et politiques,
aux personnes actives dans le mouvement de protestation anti-Aristide et aux familles des personnes
concernées. Agressions physiques, mise à sac et incendie de domiciles et des locaux des organisations,
chasse aux membres du mouvement de l’opposition, attaques répétées contre la Radio Sud Presqu’île
Grande-Anse, etc. Des figures politiques sont particulièrement ciblées, comme l’ex sénateur Edgard
Leblanc, dirigeant de l’Organisation du Peuple en Lutte, et Jean-William Jeanty, dirigeant de Kore
Nip (Coordination régionale des organisations de Nippes) et directeur de Radio Sud Presqu’île
Grande-Anse. Des chimères/mercenaires lourdement armés sillonnent la ville et forcent les
citoyen-nes à se barricader, à fuir la ville ou encore à gagner le maquis.
Les exactions sont publiquement revendiquées par des gangs proches du pouvoir, notamment celui
du chimère/mercenaire Leclerc Alcide. La répression est conduite sous les ordres des agents de
l’État Serge D. Gaspard (ex maire Lavalas contesté), Yves Métellus (allias Ti mamit, sous directeur
des douanes). Le corps de police UDMO (Unité départementale de maintien de l’ordre) a investi
la ville, non pas pour y rétablir l’ordre, mais pour les laisser faire ou pour seconder
les chimères/mercenaires dans la chasse aux opposant-es envers qui, par ailleurs, des menaces
de mort sont proférées.
Les exactions sont commises, à titre de représailles, pour le décès d’un partisan du régime
(Sonson, ainsi connu), survenu lors de l’attaque lancée par des chimères/mercenaires de Lavalas
contre la manifestation antigouvernementale pacifique du 11 janvier écoulé. Contrairement à ce
que voudrait faire croire le gouvernement Lavalas, ce jour-là à Miragoâne, comme partout ailleurs
dans le pays (sauf aux Gonaïves, où l’ex "Armée cannibale", gang proche de Lavalas jusqu’à
l’assassinat, en septembre 2003, de leur chef Amiot Métayer, est devenu le Front de résistance
anti-Aristide), il n’y a pas eu d’affrontement entre les manifestant-es qui exigent le départ
d’Arisitide et les partisan-es du régime. Comme à l’accoutumée, et comme cela est observé sur
l’ensemble du territoire, il y a eu des attaques des chimères/mercenaires (munis de pierres, bâtons,
barres de fer, armes à feu) sur des citoyen-nes manifestant pacifiquement.
Le sénateur Lavalas contesté du Sud, Yvon Feuillé, a expliqué la répression par des "réactions
émotionnelles" résultant de la perte d’un partisan. La mort violente de tout individu, quel
qu’il soit, est condamnable. Cependant, cela ne saurait en aucun cas justifier la répression
envers les populations et encore moins la chasse donnée à ceux et à celles qui contestent le
régime en place. Nous savons pertinemment qu’il s’agit d’un fallacieux prétexte pour écraser
le mouvement de protestation anti-Lavalas dans le pays. En mettant les provinces sous contrôle,
le gouvernement cherche à amputer le mouvement de protestation généralisé pour mieux asseoir
la dictature de Jean-Bertrand Aristide.
Nous avons aussi noté l’empressement manifesté par les autorités Lavalas pour condamner la mort
d’un de leur partisan à Miragoâne et décréter que des mesures seront prises en conséquence.
Ces mêmes autorités ne se sont pourtant jamais donné la peine de mettre l’action publique
en mouvement pour les innombrables victimes enregistrées dans le pays, notamment lors
des attaques du 5 décembre 2003 sur les Facultés de l’Université d’État d’Haïti, et celles
réitérées contre les manifestations du mouvement de l’opposition. Deux poids et deux mesures donc,
selon que les victimes aient ou non les faveurs du pouvoir.
La population civile de Miragoâne est démunie et isolée. Elle ne saurait faire face seule aux
assauts des sbires armés du pouvoir et des forces de police ayant fait allégeance à Lavalas.
Des actions similaires ont été entreprises dans le département du nord, plus particulièrement
dans les villes de Trou du Nord et du Cap. Il en a résulté que les membres des organisations
revendicatrices ont été emprisonnés ou ont dû gagner le maquis; la presse indépendante n’est
plus en mesure de travailler dans certaines zones; les manifestations antigouvernementales ne
peuvent plus avoir lieu.
Nous appelons à la solidarité nationale et internationale pour
dénoncer la répression qui sévit
à Miragoâne et porter assistance aux populations.
Nous interpellons spécifiquement à ce sujet :
L’Office de protection du citoyen et de la citoyenne (OPC), dirigé par M. Necker Dessables, un
protecteur qui ne pose aucun acte relevant de sa mission, qui est de protéger les citoyen-nes
contre les abus de l’État.
Les communautés internationales, notamment les Nations Unies en tant qu’institution garante du
respect des droits humains par les États membres; la Mission spéciale de l’Organisation des États Américains en Haïti qui ne peut continuer, encore et toujours, à simplement "déplorer"
la répression d’État; la CARICOM (Communautés des pays de la Caraïbe) qui voudrait jouer un
rôle dans la résolution de la crise haïtienne.
Les populations haïtiennes aspirent à vivre dignement, dans une société résolument engagée dans
la construction démocratique, donc sans la dictature de Jean-Bertrand Aristide.
Danièle Magloire, CONAP
Pour les organisations signataires :
Antèn Ouvriye (Antenne Ouvrière), BRESTEK, CONAP, (Coordination Nationale de Plaidoyer pour
les Droits des Femmes), CHANDEL (Organisation pour l’éducation populaire), COREGA (Coordination
Régionale des Organisations de la Grande-Anse), Enfofanm (Infofanm), Fanm Yo La (Les Femmes sont Là),
FOCOD (Fédération des Organisations Populaires de Delmas), Front de résistance pour l’autonomie
de l’université d’Etat, GRAEP (Groupe de Réflexion, d’Animation et d’Education Populaire), Kay
Fanm (La Maison des Femmes), KANPAN (Campagne nationale contre la dette et les programmes
d’ajustement structurel), KODENA (Comite de Défense des Intérêts Nationaux), Konbit Peyizan Nip
(Solidarité des Paysans-nes de Nippes), Kore Nip (Coordination Régionale des Organisations de Nippes),
MUPAC (Mouvement Unité du Peuple des Cayes), PAPDA (Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un
Développement Alternatif), RAPL (Rassemblement des Planteurs de Lascahobas), RAJES (Rassemblement
des Jeunes de Savanette), Regroupement des organisations populaires autonomes, RERKA (Réseau des
radios communautaires), Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen (Union des petits-es Paysans-nes d’Haïti), UNNOH
(Union Nationale des Normaliens-nes d’Haïti), SOFA (Solidarité des Femmes Haïtiennes).
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renverser le régime Lavalas! Appel à la solidarité, Antèn Ouvriye, Kay Fanm, Tèt Kole, SOFA,
CHANDEL, UNNOH, KANPAN, Regwoupman Oganizasyon Popilè Granmoun yo, ENFOFANM, MUPAC,
Fwon Rezistans pou Otonomi Inivèsite Leta a ak Transfòmasyon Sosyete a,
Fanm yo la, BRESTEK, RAJES, KONAP, GRAEP, RERKA, KOREGA, PAPDA, 22-12-03
Appel aux Haïtiennes et aux Haïtiens de la diaspora, Collectif "Non", 10-01-04
Appel à la solidarité internationale,
ancien-nes étudiant-es et professeur-es de l'Université d'État d'Haïti, 09-12-03
Toutes et tous contre l'obscurantisme et le despotisme, Plate-forme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif, 09-12-03
Message des organisations non gouvernementales internationales et nationales
à la veille de l'année du Bicentenaire d'Haïti, 26-12-03
18 entités des secteurs démocratiques et populaires réclament le jugement d'Aristide, AlterPresse, 16-12-03
Lettre ouverte au président Aristide, Point de ralliement des femmes d'origine haïtienne de Montréal, 19-01-04
Jusqu'òu est prêt à aller le Parti Lavalas
pour garder le pouvoir?
Encore une fois, le parti Lavalas/Lavalasse au pouvoir nous afflige par son escalade dans l’horreur.
Aujourd’hui, 26 novembre 2003, les populations ont débuté leur journée avec l’horrible nouvelle
de la découverte, dans les rues de Port-au-Prince, de têtes de personnes assassinées. À côté
de ces têtes, des messages virulents du "Komite Operasyon Sezaryèn Fanmi Lavalas/Comité pour l’opération
césarienne du parti Famille Lavalasse". Ces messages appellent les partisan-es de Lavalas à s’attaquer
directement à des opposant-es, à des citoyen-nes membres d'organisations de la société civile osant
exprimer leur refus du régime en place et à des membres de la presse non dévoués à la triste
cause Lavalas. La présence de têtes de mort, accompagnées de listes de noms de personnes à abattre,
est manifestement une injonction aux hordes lavalassiennes pour qu’elles gravissent d’autres échelons
de leur programme macabre qui se propose de "touye, koupe tèt /tuer et décapiter" et qui annonce que
"Tout non nou pral site yo, se pongongon ki kanpe an kwa sou chimen 2004 la. Li enpòtan pou Komite
a fè yo operasyon. / Les personnes ciblées sont des empêcheurs/empêcheuses de tourner en rond
qui contrecarrent notre
célébration de 2004. Le Comité se doit de leur faire subir une opération!".
Déjà l’une des personnes citées a été victime, hier, de tentative d’assassinat.
Après tous les actes de barbarie du pouvoir en place, la répression sauvage des manifestations,
les arrestations arbitraires et les détentions illégales, les incendies des maisons des populations
civiles avec leurs occupant-tes, y compris un bébé de quelques jours aux Gonaïves, les kidnappings,
les tentatives d’assassinats, les tirs sur des populations pacifiques, les viols collectifs perpétrés
par des sbires du pouvoir associés à des policiers, le gouvernement Lavalas franchit une autre étape
dans l’horreur. L’utilisation sans vergogne de têtes de morts montre jusqu’où entend aller Lavalas
pour se maintenir au pouvoir. Le message est clair : réduire à néant, par l’assassinat et la
décapitation, toute contestation, toute velléité de contestation!
En tant que gouvernement hors-la-loi, Lavalas ne s’embarrasse d’aucune apparence de moralité et poursuit
son macabre destin. Nous ne nous laisserons pas intimider! La Coordination nationale de plaidoyer
pour les droits des femmes (CONAP) est plus que jamais déterminée à barrer la route à ce gouvernement
hors-la-loi. La CONAP invite tous les citoyen-nes à s’unir pour faire échec aux projets macabres de
Lavalas. Nous appelons à la vigilance! Toute attaque contre l’une des personnes figurant sur la
liste des tueurs devra être versée au compte du Parti Lavalas et, très spécifiquement, au compte
personnel de son sinistre chef, Monsieur
Jean-Bertrand Aristide!
Lè w fè sa a, m a pè w? / En agissant ainsi, Lavalas, crois-tu nous faire peur? Paske ou òlalwa
ou konprann ou ka kraponnen m? / Crois-tu, parce que tu es hors-la-loi, que tu peux nous intimider?
Ou voye chimè al kaze brize pou fèmen bouch tout Ayisyèn ak Ayisyèn / Tu lâches tes hordes pour
tenter de bâillonner les Haïtien-nes.
Dechoukay la fèk kòmanse, Mouche Aristide se jou w ap konte! Le combat pour le renversement du pouvoir
tyrannique ne fait que débuter. Monsieur Aristide, vos jours sont comptés!
Myriam Merlet, Enfofanm; Yolette Andrée Jeanty, Kay Fanm; Olga Benoit, SOFA
Pour la Coordination nationale de plaidoyer pour les droits des femmes (CONAP)
Port-au-Prince, 26-11-03
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Des
dizaines de milliers de personnes dans les rues de Port-au-Prince réclament le départ d'Aristide, AlterPresse, 11-12-03
Trop! C'en est trop!, Coordination nationale de plaidoyer pour les droits des femmes, 08-12-03
Faire prendre conscience
de la violence à Port-au-Prince, Commission épiscopale nationale Justice et Paix, 30-10-03
L'Office de Protection des citoyen-nes doit contrer le gouvernement hors-la-loi!
Depuis le 30 octobre 2003 nous, les organisations de femmes de la Coordination nationale de plaidoyer pour les droits des femmes (CONAP), avons
décrété hors-la-loi le gouvernement "Lavalas/Lavalasse" en place. Oui, est hors-la-loi un gouvernement
qui extorque, terrorise, viole et tue les populations. Oui, est hors-la-loi un gouvernement
qui se montre irresponsable et tyrannique. Oui, est hors-la-loi un gouvernement qui ne
sert et ne protège que ses partisan-es et ses sbires. Le gouvernement Lavalas a démontré
qu'il n'a ni compétence, ni crédibilité, ni légitimité pour gouverner le pays. Pour ses
deux mandats successifs, on ne compte à son actif que le torpillage des institutions.
En vertu de cette destruction, nous vivons en Haïti sous un régime tyrannique, où l'ordre des
"chimères/mercenaires" du pouvoir règne dans le système judiciaire, les services de police
et les administrations publiques. Dans un tel contexte, les droits de la personne, particulièrement
ceux des femmes, ne peuvent nullement être respectés.
Durant toute l'année 2003, les droits des citoyen-nes n'ont cessé d'être bafoués :
- Le 8 mars, pour la célébration de la Journée internationale des femmes, la police et les "chimères"
ont réprimé les organisations de femmes; des militantes ont été arrêtées et kidnappées.
- Le 3 avril, Journée nationale du mouvement des femmes haïtiennes, les "chimères" ont
multiplié les menaces et intimidations en vue de faire taire les organisations de femmes.
- Le 29 octobre, lors du sit-in devant le Palais de Justice,
les "chimères" ont encore agressé
verbalement et physiquement les organisations de femmes qui
dénonçaient les morts gratuites
et injustes. Ce même jour, les "chimères" sont venues proférer des menaces devant le local
d'une des organisations.
- Le 13 novembre, les "chimères" s'en sont pris une énième fois aux étudiant-es qui manifestaient.
- Le 14 novembre, la manifestation organisée par le Groupe dit des 184 a été violemment attaquée
par la police et les "chimères" qui s'étaient ouvertement accordées pour réprimer les citoyen-nes.
- Le 21 novembre, la police a brutalement dispersé la manifestation des écoliers et écolières de
Petit-Goâve et a arrêté des manifestant-es.
Ce palmarès de la violence lavalassienne n'inclut pas la répression et les arrestations
arbitraires qui sévissent partout dans le pays et qui frappent tous les groupes qui osent
élever des protestations ainsi que les médias. Les brigandages du pouvoir Lavalas ont créé
un climat où les femmes sont de plus en plus menacées :
- La police et les gangs de "chimères" s'associent pour organiser des viols collectifs de femmes.
- La violence politique et l'impunité permettent à des hommes de se sentir davantage autorisés
à violenter les femmes en les bastonnant, les violant et les harcelant ce, sans être le moindrement
inquiétés.
- Les conjoints violentent leurs compagnes sans que cela leur pose de problème.
Le gouvernement Lavalas a déclaré une véritable guerre aux populations. Ainsi, les viols pour motif
politique sont redevenus légion et le corps des femmes est transformé en champ de bataille,
comme durant le coup d'État militaire de septembre 1991. La violence spécifique envers les femmes
est ainsi noyée dans le flot des violences politiques. Il n'en demeure pas moins que, quelle
soit la conjoncture, les femmes sont quotidiennement victimes de la violence masculine, expression
des rapports de pouvoir entre les sexes. En raison de tout cela, la CONAP a choisi en ce 25 novembre,
Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, d'interpeller l'Office de Protection
des citoyen-nes (OPC). En tant qu'entité autonome chargée de protéger les citoyen-nes contre
les abus de l'État, nous exigeons que l'OPC assume ses responsabilités en :
- Exigeant le respect des droits de la personne, de toute personne, homme et femme, quelles que soient
leurs opinions politiques.
- Reconnaissant la violence faite aux femmes comme partie intégrante des violations des droits de la
personne et en les dénonçant en conséquence.
- Établissant clairement les responsabilités des instances gouvernementales et étatiques telles
que la présidence, les délégations du gouvernement dans les villes, la police, la Justice et
les administrations publiques dans la répression qui sévit.
- Faisant diligence pour faire appréhender et juger les auteurs et commanditaires des actes
de répression, en particulier M.
Jean-Bertrand Aristide, le chef suprême des gangs de "chimères".
Si l'OPC respecte sa mission, il ne peut que décréter hors-la-loi le gouvernement Lavalas.
L'OPC ne peut pratiquer la politique qui consiste à Ne pas voir, ne pas entendre, ne rien dire!
Il est de la responsabilité de l'OPC de trouver une solution.
Myriam Merlet, Enfofanm; Yolette Mengual, Fanm Yo La;
Yolette Andrée Jeanty, Kay Fanm; Olga Benoit, SOFA
Pour la Coordination nationale de plaidoyer pour les droits des femmes (CONAP)
Port-au-Prince, 25-11-03
Pour éviter les pièges du pouvoir
Les citoyen-nes ne sont pas amnésiques!
Qu'elle n'a pas été notre surprise en entendant les propos des sénateurs contestés,
Dany Toussaint
et Prince Pierre Sonson. Ces messieurs admettent que les pouvoirs législatifs et judiciaires sont
actuellement inexistants en Haïti et qu'il n'y qu'un seul et unique pouvoir, celui du gouvernement
"Lavalas/Lavalasse". Ces sénateurs contestés
déclarent également que les services de police ne
remplissent pas leur mission et que la régression du pays est incommensurable. Tout comme
les citoyens et citoyennes ordinaires, messieurs les sénateurs reconnaissent que le pays
s'enfonce vertigineusement dans l'abîme et qu'il est gangrené par la répression et les
injustices multiples. Mais en dépit de toutes leurs déclarations, ces messieurs ne semblent pas
avoir accédé à un degré de conscience leur permettant de reconnaître que la situation
sociopolitique actuelle est aussi la résultante de la crise provoquée par les
élections frauduleuses de l'année 2000 et des multiples scandales liés à
la corruption du gouvernement Lavalas.
Les Haïtiens et les Haïtiennes ne sont ni amnésiques, ni sourd-es, ni aveugles, ni frappé-es de
mutisme. Nous ne saurions donc oublier les images de M. Prince Pierre Sonson, filmé par les
caméras, alors qu'il prenait activement part aux actions pour contrer le soi-disant coup d'État
du 17 décembre 2001.
Nous ne pouvons pas prendre au sérieux les déclarations des sénateurs contestés. Pour que messieurs
les sénateurs changent leur fusil d'épaule, ils doivent préalablement et publiquement se repentir
des graves torts qu'ils ont contribué à causer aux populations haïtiennes ce, en cautionnant
durant longtemps les agissements du pouvoir Lavalas.
Si les sénateurs contestés, messieurs Dany Toussaint et Prince Sonson Pierre, croyaient réellement
que nous vivions sous un régime "despotico-anarchique", comme ils se plaisent à le dire, ils auraient
dû démissionner depuis fort longtemps. Ou encore, ils auraient dû mettre à profit le poste qu'ils occupent
pour faire valoir les provisions constitutionnelles de l'article 185, en vue de constituer une Haute
Cour de Justice pour juger M. Jean-Bertrand Aristide, un chef d'État coupable de crimes et d'abus
contre les populations et de mercenariat politique. L'ensemble de ces exactions et brigandages
fait du gouvernement Lavalas un gouvernement hors-la-loi.
Les citoyens et citoyennes d'Haïti ne se laisseront pas abuser une seconde fois par des tyrans,
quel que soit leur nom. En tentant de nous affranchir de la tyrannie des tontons macoutes et
des militaires, nous nous sommes retrouvés dans la fureur des torrents de Lavalas. Au regard
de ces expériences, nous réitérons notre refus de tout pouvoir politique tyrannique et nous
proclamons l'urgente nécessité de développer d'autres pratiques politiques dans le pays.
Danièle Magloire, Enfofanm; Yolette Mengual, Fanm Yo La;
Yolette Jeanty, Kay Fanm; Olga Benoit, SOFA
Pour la Coordination nationale de plaidoyer pour les droits des femmes (CONAP)
Port-au-Prince, 25-11-03
Pou evite tonbe nan pèlen yon lòt fwa ankò!
Sitwayen ak sitwayèn yo pa manje, manje bliye!
Nou gen gwo sezisman nan tande diskou senatè konteste Lavalas Dany Toussaint ak Prince Pierre Sonson,
jounen jodi a.
De (2) senatè konteste sa yo rekonèt se yon sèl pouvwa k ap dirije peyi a : Pouvwa Legislatif la
ak Jidisyè a pa ekziste. Yo rekonèt Lapolis pa p fè travay li; Yo rekonèt peyi a rale yon bak sou
450 lane. Yo fè yon bann deklarasyon kote yo aksepte, tankou tout lòt sitwayen/sitwayèn, peyi a
tèt anba : se krazezo, maspinay ak enjistis k ap fèt. Men konsyans yo pa pèmèt yo wè koub la kase
depi nan dappiyanp ki te fèt sou eleksyon fo mamit 2000 yo; Deblozay diri ak anpil lòt briganday,
move zak malonèt lavalas fè nan peyi a pou rache yon pouvwa.
Pèp ayisyen, nou pa manje manje bliye; nou pa vin soud, ni avèg, ni bèbè! Kidonk, nou pa ka bliye
imaj Prince Pierre Sonson, kamera jounalis te filme, annaksyon nan kraze brize ki te fèt lè fo koudeta
17 desanm 2001 an.
Pou tout rezon sa yo, nou pa ka pran pawòl senatè konteste sa yo oserye. Anvan yo toulède chanje fizi
yo zèpòl, anvan yo vire kazak yo, yo dwe fè meya koulpa yo, bat lestomak yo 3 fwa, pou mande nasyon
ayisyèn nan padon, dèske yo te patisipe, kosyone pandan tout tan sa a, sa Lavalas ap fè pou trennen
pèp ayisyen an nan lanmè.
Si Dany Toussaint ak Prince Pierre Sonson te kwè, tout bon vre, peyi a ap viv sou yon rejim
"despotico-anarchique", jan yo t ap di a, yo te dwe kite Palman an oswa itilize pwovizyon konstitisyonèl
atik 185 la pou fòme yon "Haute cour de Justice", pou jije Jean Bertrand Aristide pou tout krim, abi,
chimerizasyon, ki fè gouvènman li an, se yon Gouvènman ÒLALWA.
Nou menm sitwayen ak sitwayèn peyi d Ayiti, nou sèmante, swasanndisètfwa sèt fwa, nou pa p pran nan
yon lòt Aristid ankò! Nou te kouri pou lapli makout ak militè, nou tonbe nan Lavalas k ap bwote
nou nan lanmè. Se poutèt sa, nou di seraseta, fòk nou sispann ak pouvwa kraze zo, atoufè,
Fòk Politik fèt yon lòt jan!
Danièle Magloire, Enfofanm; Yolette Mengual, Fanm Yo La;
Yolette Jeanty, Kay Fanm; Olga Benoit, SOFA
Pou KONAP
Pòtoprens, 25 novanm 2003
Halte aux hordes lavalassiennes, pour que vive la vie !
Note d'information et prise de position suite aux événements du 29 octobre 2003
Sous l'instigation de la Coordination nationale de plaidoyer pour les droits des femmes (CONAP),
à laquelle s'étaient associées diverses organisations de la société
civile, un sit-in silencieux et pacifique s'est tenu à Port-au-Prince le 29 octobre, suite aux
funérailles de
Danielle Lustin,
lâchement assassinée à son domicile par
des bandits armés. Madame Lustin était professeure à l’Université d’État d’Haïti et directrice
du Fonds haïtien d’aide à la femme et du Groupe d’appui pour l’intégration de la femme du secteur informel.
Comme annoncé et convenu, des citoyen-nes (environ
150 personnes, en majorité des femmes) se sont rassemblé-es, en silence, sur
le parvis du Palais de Justice dès 11h00. Le
sit-in, prévu de 11h30 à 1h30,
se voulait une protestation citoyenne
face
à toutes ces morts injustes et gratuites, particulièrement enregistrées ces dernières semaines. Le
Palais de Justice, situé non loin du Palais national, avait été retenu
comme lieu hautement symbolique. Le sit-in ne nuisait pas au
déroulement des activités de cette institution,
puisqu'un passage avait été aménagé pour permettre les allées et venues.
Vers 12h30, un premier groupe d'une dizaine de "chimères" (mercenaires du pouvoir
Lavalas/Lavalasse), dont des femmes, a tenté de nous intimider. Ce petit groupe a
d'abord pénétré dans l'enceinte
du Palais et s'est posté derrière les manifestant-es, en entonnant des chants à la
gloire de M.
Jean-Bertrand Aristide
et en lançant des slogans hostiles aux protestataires et
des insultes ordurières. Face à notre silence opposé à leurs invectives
et à notre détermination
à poursuivre notre protestation silencieuse, ce groupe est parti chercher des renforts. Les
"chimères" sont revenues en force. Ce deuxième contingent est arrivé à
bord de différents
véhicules : un pick-up blanc des services de l'État coiffé d'un gyrophare;
une camionnette de couleur blanche de la Télévision
nationale d'Haïti (TNH) également identifiée par des
autocollants de propagande sur 2004;
des motocyclettes. Ce second groupe comportait
environ une trentaine de personnes, vociférant, proférant des menaces (de mort, de viol),
clamant haut et fort leur accointance avec Lavalas et indexant nommément les féministes et
leurs organisations. Renforcés, les "chimères" sont alors devenues bien plus agressives.
De la parole, elles ont passé aux actes. Elles nous ont attaqué-es en nous lançant
des objets divers : pierres, mangues vertes, noix de coco, bouteilles vides, bouteilles contenant de
l'urine et un liquide brûlant la peau et les vêtements. Plusieurs manifestant-es
ont été touché-es.
La Police nationale d'Haïti (PNH) avait dûment été avisée de la tenue
du sit-in. Des correspondances,
dont réception a été accusée, ont été adressées
à la direction dénérale de la PNH, à la direction
départementale de l'Ouest et au commissariat du Champ de Mars. La police a cependant
brillé par son absence. Il n'y avait que les policiers et policières affecté-es
au service du Palais de Justice.
Ces agent-es ont tenté de contenir les "chimères" en gardant l'entrée. Le
doyen du tribunal a demandé à parler aux organisatrices du sit-in. Deux
représentantes de la CONAP ont rencontré
le doyen et le commissaire du gouvernement en présence de journalistes (Radio
Quisquéya et SAKS). Les autorités judiciaires nous ont demandé de mettre
fin au sit-in et de partir. Nous avons déclaré
qu'il était hors de question de nous livrer à la fureur des hordes lavalasiennes
et nous avons demandé, en vain, à ces autorités d'assumer leurs
responsabilités en avisant la police. Pendant ce temps, les "chimères" ont lancé
une autre offensive et les manifestant-es ont dû se réfugier
à l'intérieur du Palais; d'abord dans le hall d'entrée et après,
suite à l'envahissement
par les "chimères" de cet espace, dans des bureaux. Au cours de ces échauffourées,
la cassette d'enregistrement de Télé Max a été saisie par les
"chimères". Nous avons été tenu-es en otage jusqu'aux environs de 4h00.
Suite à l'alerte donnée (par la presse, les organisations de défense des
droits humains, d'autres organisations de la société civile et des citoyen-nes),
des représentant-es de l'Organisation des États américains (OEA) sont venus sur place et des forces de police sont finalement
intervenues. Nous avons alors organisé l'évacuation des protestataires dans
différents véhicules, ceux des organisations de la société civile,
des manifestant-es et des personnes venues témoigner leur solidarité.
Alors que nous étions prises en otage, nous avons été avisées du fait
qu'un groupe de "chimères" à bord d'un pick-up de couleur blanche s'était rendu
au local d'Enfofanm et avait violemment frappé la barrière et proféré
des menaces. D'autres individus, à bord d'un véhicule 4 x 4
de couleur grise, les ont rejoints plus tard pour poursuivre les intimidations. Ces individus
sont revenus à différentes reprises, notamment vers 8h00 du soir.
Notre position
Ce mercredi 29 octobre, les "chimères" du gouvernement Lavalas s'en sont pris à
différents groupes de citoyen-nes qui manifestaient pacifiquement à Port-au-Prince.
Ces événements attestent,
encore une énième fois, de la volonté de ce gouvernement de bâillonner
les citoyen-nes qui osent exprimer publiquement leur refus de la situation actuelle, notamment
l'insécurité et les injustices multiples. Lavalas n'hésite pas, un seul instant,
à utiliser sa force de répression pour terroriser et brimer des civil-es pacifiques
et mettre leur vie en péril.
Lavalas n'a aucun scrupule à ôter la vie, comme c'est notamment le cas depuis plusieurs
semaines à
Raboteau aux Gonaïves, à Saint Marc et au Cap. A Raboteau, la population civile
est attaquée sur tous les fronts. Des domiciles sont incendiés, en dépit de
la présence de leurs occupant-es. Ainsi, un bébé de 15 jours a péri dans les flammes.
Lavalas voudrait réduire en cendre toute personne et tout groupe qui osent critiquer ouvertement
sa gestion et ses pratiques; qui ne lui fait pas allégeance; qui ose prétendre que d'autres
horizons sont possibles pour Haïti sans cette tyrannie. Lavalas ne cesse de proclamer
sa popularité absolue. Mais ce pouvoir se sent menacé chaque fois que des groupes
de citoyen-nes, qu'il ne contrôle pas, manifestent et dénoncent l'inacceptable. Lavalas
se sent menacé par les médias et les attaque systématiquement. Lavalas a de
nouveau lâché ses hordes en leur réitérant ses garanties d'impunité.
Face aux brigandages du gouvernement Lavalas, nous le déclarons hors-la-loi. Oui, est hors-la-loi
un gouvernement qui extorque, terrorise, viole et tue les populations. Oui, est hors-la-loi
un gouvernement qui se montre irresponsable et tyrannique. Oui, est hors-la-loi un gouvernement
qui ne sert et ne protège que ses partisan-es et ses sbires. Les communautés internationales
doivent non seulement prendre acte de ces agissements, mais également et surtout assumer,
sans ambiguïté, leurs responsabilités et cesser d'apporter leur soutien au gouvernement.
Nous ne réclamons pas le droit d'être évacuées, ni le droit à l'asile politique. Ce pour
quoi nous nous battons, c'est le droit d'exercer nos libertés citoyennes, en tout temps et
publiquement, conformément aux prescrits constitutionnels. Nous exigeons le respect intégral
des droits de la personne, la jouissance des libertés publiques. Nous réclamons que
l'Office de Protection des citoyen-nes (OPC) remplisse sa mission, en faisant diligence d'une part,
pour s'enquérir, notamment auprès de la TNH, sur l'implication des véhicules
des institutions étatiques dans la répression et, d'autre part, pour exiger l'arrestation et la sanction
des "chimères". Nous tenons le gouvernement Lavalas responsable de toute violence dont pourrait
pâtir les organisations membres de la CONAP et de toute attaque contre leurs locaux;
en particulier celui d'Enfofanm, qui abrite l'unique centre de documentation spécialisé
en littérature et actualité féministes et qui est dépositaire
du matrimoine du mouvement des femmes haïtiennes.
La répression ne nous fera ni taire, ni nous terrer. Nous sommes des militantes féministes,
héritières d'une longue tradition de lutte et de résistance, et nous saurons survivre aux
torrents rageurs de Lavalas. Comme tout torrent, Lavalas passera, c'est sa destinée.
"Pa wè, pa tande, pa pale, se pa yon solisyon! / Ne pas voir, ne pas entendre, ne rien dire,
n'est pas une solution!".
Danièle Magloire (Centre national et international de documentation et d'information
des femmes en Haïti : Enfofanm), Yolette Mengual (Fanm Yo La), Yolette Jeanty (Kay Fanm:
Maison des femmes), Olga Benoit (Solidarité femmes d'Haïti: SOFA)
Pour la CONAP, Port-au-Prince, 30-10-03