G 8  :  P L É B I S C I T E   P O U R   U N   A N T I - D É M O C R A T E 26-08-02

par Brigitte Verdière


Crimes en Tchétchénie : G7 complice Un anti-démocrate de plus vient d'entrer dans le groupe des pays les plus industrialisés de la planète. Cette belle recrue s'appelle Vladimir Poutine. Il est le président d'un pays en dérive totale, que ce soit sur le plan des droits, de l'économie ou de la justice : la Fédération de Russie.

C'est pourtant un grand et beau pays, la Russie, qui a réalisé beaucoup de choses, envoyé des hommes dans l'espace, construit des barrages, des routes, des chemins de fer. Cela s'est fait au prix d'une colonisation, par les Russes, des autres peuples qui composaient alors l'Union Soviétique. Cela s'est fait au prix de millions de morts déportés sous Staline. Au prix de famines et de la liberté.

Je me base beaucoup sur le livre du reporter polonais Ryszard Kapuscinski, Imperium, dont la traduction est parue en 10-18. Il retrace brillamment le processus de déshumanisation mis en place par le régime stalinien où les déplacements incessants de populations ont fait perdre aux gens tout sentiment de révolte et toute capacité d'analyse critique. Il décrit l'assèchement progressif de la mer d'Aral afin de faire pousser du coton au détriment des cultures vivrières. Il rappelle le conflit en Arménie, les camps de concentration en Sibérie, et décrit la misère économique qui règne encore dans le pays malgré l'effondrement du communisme.

Il termine son texte ainsi : "l'Occident, qui est fasciné par la Russie mais en même temps en a peur, est toujours prêt à lui venir en aide, ne serait-ce que pour sauvegarder sa propre tranquillité. L'Occident refusera d'aider certains mais il aidera toujours la Russie." Et voilà, tout est là. Au nom de cette " tranquillité ", des soi-disant pays démocratiques sont ravis d'appuyer un dictateur incapable d'instaurer l'État de droit dans son pays.

Dans un rapport paru en avril 2002, Guy-Michel Chauveau, rapporteur pour l'OTAN, organisme que l'on ne pourra qualifier de gauchisant, explique la toute-puissance du crime organisé et des mafias qui gangrènent la société. Pour le peuple, cela se traduit par une pauvreté extrême, un climat de violence et de gabegie généralisé. L'alcoolisme et le sida gagnent du terrain. Le choléra et la tuberculose ont répparu. L'espérance de vie tourne autour de 60 ans. La violence conjugale est en hausse constante, en rapport avec la dégradation des conditions de vie.

Deux femmes russes à Moscou En 1999, le site Fraternet citait des chiffres sur la violence faite aux femmes dans la Fédération de Russie. Je les reprends, même s'ils datent de quelques années :
chaque année, 14.000 femmes sont tuées par leur mari ou par un membre de leur famille;
des 331.815 crimes contre les femmes signalés en 1993, 14.000 étaient des viols;
environ 11.000 femmes ont été victimes d'un viol ou d'une tentative de viol en 1996.

En avril 2002 a eu lieu au théâtre de la Colline, à Paris, une rencontre sur la situation en Tchétchénie où, au nom de la lutte contre le terrorisme, les troupes russes commettent les pires violations des droits humains. Parmi celles-ci, il y a les viols des épouses de rebelles que dénonce Human Rights Watch. Restées seules au foyer, les femmes sont molestées, battues, violées, parfois sous les yeux de leurs enfants. Souvent, elles n'osent pas porter plainte.

Toutefois, une association regroupe des mères de conscrits de l'Armée rouge. Ce mouvement a d'abord existé de façon non organisée. Un peu partout dans le pays, des femmes ont commencé à manifester dans les rues. Elles le font de manière silencieuse. Ce qu'elles demandent, ce sont des mesures contre la violence qui règne dans l'armée, "le bizutage, les maladies et la malnutrition (qui) coûtent chaque année la vie à 3.500 recrues", selon M. Chauveau.

Kapuscinski parle des ces "femmes vêtues en noir... tendant devant elles la photographie de leur fils ou de leur fille décédés". Elles "voulaient que les passants s'arrêtent, prennent la photo de leur enfant, examinent leur visage jeune et souvent magnifique". De la compassion, rien de plus.

Lors de la rencontre d'avril 2002 à Paris, Elia Poliakova, la présidente de l'association "Mères de solats" de Saint-Petersbourg a "demandé pardon, au nom du peuple russe, pour toutes les exactions commises en Tchétchénie". Elle voulait dire à tous et à toutes que "la société civile russe refuse manifestement la guerre".

Un autre effet de la décomposition générale qui règne en Russie est la prostitution. Tapez "femmes russie" dans n'importe quel moteur de recherche Internet, et les premiers sites qui émergeront seront des sites de rencontres avec de jeunes femmes russes. Elles s'appellent Anna, Ekaterina, Elena, Julia... Elles ont de 18 à 20 ans, sont étudiantes. Ces agences servent de relais aux mafias pratiquant le trafic des femmes.

Dans un article très documenté sur ce sujet, le Monde Diplomatique parle des profits immenses que font ces revendeurs de chair humaine. Il évoque les violences, brutalités, tortures que subissent les jeunes femmes sur qui ils ont mis le grappin, quand ils ne vont pas jusqu'à les assassiner. Le texte parle aussi de véritables "marchés aux esclaves" dans ville de Brcko en ex-Yougoslavie où les femmes sont déshabillées et exhibées avant d'être vendues aux enchères.

Encore faible, la société civile se recompose peu à peu. Pour le moment il n'y aurait que 1,5% à 2% de la population engagée dans des actions de militantisme. Le souci de la vie quotidienne, allié à une peur qui reste tenace, empêchent une plus grande implication. Plus pour longtemps, espérons-le.




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Les deux faces du terrorisme, 07-09-04

Russie: Justice pour tous
Violence à l'égard des femmes au sein de la famille: que fait l'État?, Amnistie internationale, 2003

Les droits des femmes en Russie, Amnistie internationale, 11-02

Le dur réveil des femmes de l'Est, Elisabeth Kulakowska, 02-00

Les articles du Monde Diplomatique sur la Russie
Open Women Line

OWL diffuse des nouvelles et des informations sur les femmes russes. Cette section du site regroupe les contenus accessibles en anglais.
Comité Tchétchénie de Paris

Le Comité Tchétchénie de Paris s'efforce de mobiliser l'opinion publique afin de pousser le gouvernement français et les organisations internationales à agir pour mettre fin à la guerre en Tchétchénie. Alors que les autorités russes cherchent par tous les moyens à faire le blocus de l'information sur ce qui s'y passe, ses contacts avec des organisations de défense des droits humains et des ONG russes et tchétchènes permettent au Comité de diffuser des témoignages.



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Édition Web et mise en ligne : Nicole Nepton